Barbara (Poème) - Yves Montand

Je suis la honte de la ville

Je suis celle qu’on n' reçoit nulle part

Les filles comme moi, les inutiles

Il vaut mieux les tenir à l'écart

On fait semblant de n' pas m' connaître

Parce que j’ai eu plusieurs amants

Mais y a des yeux derrière les fenêtres

Pour surveiller tous mes mouvements

Je suis la terreur des familles

Le scandale de tous les gens bien

Je fais trembler les vieilles filles

Je fais rêver les collégiens

Les dames de la poste

S’en vont par trois

En quittant la poste

À six heures trois

Les dames de la poste

Se donnent le bras

Elles, on les accoste

Tandis que moi

Lorsque je passe dans la rue

Il y a personne qui me salue

Personne qui m’aime et ou qui me voit

Les gens bien me montrent du doigt

Les dames de la poste

S’en vont par trois

En quittant la poste

À six heures trois

Les dames de la poste

Se donnent le bras

Elles, on les accoste

Moi pas !

On a dit que l' fils du notaire

S'était tué par amour pour moi

Au fond j' sais bien qu' s’il a fait ça

C'était pour embêter son père

Seulement voilà, tous?

ils m’en veulent

Comme si j’y avais quelque chose à voir

Et les voilà qui m' font la gueule

Parce que je m’habille tout en noir

Non je n' mets pas de rouge à lèvres

J’ai des chemises et des bas de soie

Tant pis pour tous ceux qui en crèvent

Chaque soir y a un homme chez moi

Les dames de la poste

S’en vont par trois

En quittant la poste

À six heures trois

Les dames de la poste

Dans leur lit froid

Rêvent de timbres-poste

Tandis que moi

Je fais des rêves de jeunesse

Je fais des rêves de caresses

J’aime la vie, j’aime l’amour

Et je sais qu’on trouvera un jour

Parmi les timbres-poste

Et les mandats

Toujours fidèles au poste

À six heures trois

Les dames de la poste

Les bras en croix

Mortes dans leur poste…

Et moi pas !

Soy la vergüenza de la ciudad

Yo soy el que no llegas a ninguna parte

Chicas como yo, inútiles

Mejor mantenerlos alejados

Ellos fingen no conocerme

Porque tuve muchos amantes

Pero hay ojos detrás de las ventanas.

Para ver cada uno de mis movimientos

Soy el terror de las familias

El escandalo de toda buena gente

sacudo a las solteronas

Hago soñar a los universitarios

damas postales

Vete de a tres

dejando el puesto

A las seis y tres

damas postales

armarse unos a otros

Ellos, nosotros los abordamos

Mientras yo

Cuando paso por la calle

no hay quien me salude

Persona que me ama y/o que me ve

Buena gente señalándome

damas postales

Vete de a tres

dejando el puesto

A las seis y tres

damas postales

armarse unos a otros

Ellos, nosotros los abordamos

Yo no !

Se decía que el hijo del notario

Se suicidó por amor a mí.

En el fondo sé que si él hizo eso

Fue para molestar a su padre.

¿Solo aquí, todos?

ellos me quieren

como si yo tuviera algo que ver

Y aqui me estan cabreando

Porque me visto todo negro

No, no uso lápiz labial.

tengo camisas de seda y medias

Lástima por todos los que mueren

Cada noche hay un hombre en mi casa

damas postales

Vete de a tres

dejando el puesto

A las seis y tres

damas postales

En su cama fría

Soñar con sellos postales

Mientras yo

tengo sueños de juventud

sueño con caricias

Amo la vida, amo el amor

Y sé que algún día encontraremos

Entre los sellos postales

y ordenes

Siempre leal al puesto

A las seis y tres

damas postales

brazos cruzados

Muerto en su puesto...

¡Y yo no!