Terminal 2B - Raphaël

Je t’envoie un million de baisers de ma bouche

Je t’envoie ma lettre de démission de tout ce qui n’est pas toi

Je t’envoie des cordées d’anges dans leurs paniers

Je t’envoie la luxure de mes pensées

Je t’envoie un petit baiser

Et cent mille regrets de ne pouvoir te le porter en personne

Je t’envoie un poème et une chandelle et une soubrette

Et l’ivresse des jours enchaînés

Je t’envoie Paris via la Sibérie en FedEx

Les ponts et le tournis et la lumière mourante des réverbères

Je t’envoie le monde tout entier, la nuit partie vers l’Asie

Et la Terre entière sous sa cloche d’hiver

Et l'étoile qui passe, et l'étoile qui passe

Je t’envoie une carte d’anniversaire

Car je n’ai plus vingt ans et que mon cœur se serre

Comme si jamais plus je ne devais être aimé

Par toi comme avant, par toi comme avant

Je t’envoie mes jours perdus et pendus

Le bon Dieu me l’a-t-il donné ce temps

Ou bien plutôt prêté ou vendu?

Je t’envoie des fenêtres brisées par les oiseaux dans ma poitrine

Un petit moineau pour que tu le câlines

Je t’envoie mes compliments pour la petite sauterie du théâtre

Mais je ne t’en veux pas, oh non, pas à toi, non, pas à toi

Je t’envoie mon cœur, je le porte aujourd’hui sous un pull-over rouge

Et je pense qu’il devrait très bien t’aller

Mais tu sais que le seul type

Que je déteste assez au point de lui tirer dessus

C’est moi-même

Alors, ne t’en fais pas, je serai là demain

Cinq heures cinquante, Roissy

Terminal 2B

Cinq heures cinquante

Tapantes !

te mando un millon de besos de mi boca

Te envío mi carta de renuncia a todo menos a ti.

Te envío cuerdas de ángeles en sus canastas

Te mando la lujuria de mis pensamientos

te mando un besito

Y cien mil arrepentimientos de no poder llevártelo en persona

Te mando un poema y una vela y una doncella

Y la embriaguez de los días encadenados

Te envío París vía Siberia en FedEx

Los puentes y el giro y la luz moribunda de las farolas

Te envío el mundo entero, la noche se fue a Asia

Y toda la Tierra bajo su campana de invierno

Y la estrella que pasa, y la estrella que pasa

te mando una tarjeta de cumpleaños

Porque ya no tengo veinte y mi corazón se hunde

Como si nunca fuera a ser amado de nuevo

Por ti como antes, por ti como antes

Te envío mis días perdidos y ahorcados

¿Me lo dio el buen Dios esta vez?

¿O más bien prestado o vendido?

Te mando pájaros ventanas rotas en mi pecho

Un gorrioncito para que lo abraces

Te mando mis felicitaciones por la fiestita de teatro

Pero no te culpo, oh no, no a ti, no, no a ti

Te envío mi corazón, lo llevo hoy debajo de un suéter rojo

Y creo que debería quedarte bien

Pero sabes el único tipo

Que odio lo suficiente como para dispararle

Soy el mismo

Así que no te preocupes, estaré allí mañana.

Cinco cincuenta, Roissy

Terminal 2B

Cinco cincuenta

¡Sorprendentes!